Je travaille présentement à la fabrication des marionnettes d’un nouveau projet. Sans grande surprise, celle-ci est beaucoup plus longue que je ne l’avais anticipée. N’est-ce pas toujours le cas?
Il y a certaines facettes du travail qu’on néglige souvent d’estimer dans notre échéancier par exemple le magasinage des matériaux, le ménage de l’atelier et les erreurs qui surviennent inévitablement et qu’il faut corriger… La conception et la fabrication des marionnettes demeure un long processus, plein de questionnements et de plaisir. Ce long processus de création des marionnettes pour un nouveau projet de création a été rendue possible grâce au soutient du CALQ et de la ville de Laval en collaboration avec Culture Laval.
La mamie, je la voulais douce et sans regret, elle a donc ridée tout en dentelle et demeure rayonnante de beauté. Entre ses oreilles il y a un tiroir d’où elle sort sa laine pour passer le temps en tricotant et qui signifie aussi un peu sa mémoire qui la quitte par moment. Son chignon c’est une pelote d’épingle pour ses mains agiles qui connaissent les savoir-faire d’antan. La sculpture de son visage et de ses mains sont travaillés avec la technique du feutrage, de même d’ailleurs que les autres marionnettes du spectacle.
La fibre de sa peau provient de la laine de mouton, tandis que ses cheveux proviennent de mèches de poils de chèvre. C’est toujours curieux et intéressant pour moi de constater que les poils d’animaux que j’utilise pour la fabrication de mes marionnettes semblent leur conférer une touche d’humanité.
Le papa m’a causé bien du soucis avec sa structure de bois pour son torse qui accueille les tiroirs de ses souvenirs, comme une boîte à bijoux qu’on ouvre pour les grandes occasions. On voit sur ses tiroirs une scène, brodée comme un tatou sur le cœur, d’un oisillon nourrit dans son nid. C’est ma fille Maïa qui a fait la broderie et qu’on peut apercevoir sur l’une des photos. Maintenant qu’elle est diplômée du programme de décors et costumes de théâtre de l’École de théâtre professionnel du collège Lionel-Groulx , je lui ai confié la conception des costumes pour les marionnettes et celle du décor du spectacle.
Le papa aura son moment d’introspection dans le spectacle pour raconter les émotions qui l’habitent et qui nous permettra de mieux comprendre son passé. Il ne m’a pas encore révélé tous ses secrets. Je serais bien surprise qu’il le fasse et je ne le forcerai pas à le faire, préférant respecter la nature plutôt réservé de ce personnage.
J’ai toujours de la difficulté à me résoudre quant aux articulations du chat. La raison en est bien simple, j’adore les chats et tous leurs attributs me charment. J’aime leurs mouvements d’oreilles, leur queue qui se balance, leurs petites griffes acérées, les poignets qui se retroussent sous le ventre… L’art de la marionnette est un art de compromis et j’ai dû faire des choix. Après avoir fait un prototype de carton, j’ai découpé des morceaux dans le bois pour le corps. La tête est entièrement construite en feutrage à l’aiguille et permet d’ouvrir la gueule pour miauler.
Le travail n’est pas terminé, mais en bonne voie de l’être!
